En pleine période de confinement, alors que les préfectures, l’OFPRA et la CNDA continuent leurs activités, les associations d’aide aux demandeu.r.se.s d’asile dont le BAAM fait partie ne bénéficient toujours pas d’une autorisation ou dérogation pour continuer leur rôle d’accueil et d’accompagnement. L’absence de réponses des pouvoirs publics aux demandes du BAAM traduit la volonté du gouvernement d’invisibiliser et délaisser les migrant.e.s ainsi que d’empêcher le fonctionnement d’une association critique à l’égard de sa politique migratoire.

Le 2 juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme condamnait la France pour les conditions d’existence indignes imposées à plusieurs demandeurs d’asile. La juridiction estimait ainsi que le manque de moyens systématiquement invoqué par l’administration ne pouvait justifier le traitement inhumain de ces personnes. De la même manière, nous souhaitons aujourd’hui rappeler que le gouvernement ne peut s’abriter derrière les difficultés qu’implique la gestion de la crise sanitaire pour couvrir son désintérêt à l’égard des personnes exilées.

Par le décret du 29 octobre 2020, le président Macron a réinstauré un confinement des plus hasardeux, où l’exception semble être la règle. Le décret prévoit la continuité des activités des services publics comme les préfectures, l’OFPRA ou la CNDA. Ces institutions continuent effectivement de recevoir les personnes convoquées avant le confinement. Or, aucune dérogation n’a été prévue pour les associations qui accompagnent ces personnes et dont le BAAM fait partie.

Seule existe une possibilité de dérogation pour les déplacements liés à « l’assistance aux personnes vulnérables et précaires », ainsi qu’une autorisation d’ouverture pour les établissements distribuant des produits de première nécessité. Bien que le préfet soit habilité à réglementer ces mesures, aucune aide ni information supplémentaire n’a été apportée aux organisations parisiennes désireuses, comme le BAAM, d’obtenir la certitude de pouvoir ouvrir leurs permanences, fixer des rendez-vous et recevoir du public. Depuis mai dernier, le BAAM a pourtant toujours reçu son public dans le plus scrupuleux respect des normes sanitaires.

La situation actuelle revient à laisser des dizaines de personnes déjà vulnérables, parfois à la rue, sans accompagnement face à des démarches sociales et juridiques complexes. Celles-ci ont pourtant besoin de traduction, de conseil ou encore de préparation pour leurs entretiens et ne peuvent aujourd’hui se déplacer pour se rendre en permanence sans risquer une amende ou, pire, un contrôle de leur titre de séjour pouvant mener à un placement en rétention.

Les demandeurs·ses d’asile ou les personnes en cours de régularisation sont donc sommées de se présenter à leurs convocations, préparées, informées et avec leur dossier complet. Tout cela sans le moindre accompagnement préalable ou tout simplement sans avoir pu faire les photocopies nécessaires, faute de moyens.

Le BAAM dénonce avec force cette situation profondément hypocrite. En effet, les différentes institutions publiques (préfectures, services sociaux, centres d’accueil pour demandeurs d’asile, etc.) se reposent elles-mêmes largement sur le travail bénévole des associations, quand elles ne les sollicitent pas directement pour fonctionner.

Pour répondre à cette situation nous avons donc tenté de saisir la direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement, le Ministère des solidarités, la préfecture d’Ile de France, la préfecture de police de Paris et enfin le Ministère de l’intérieur, sans succès. 

Face à l’absence de réponse, nous voilà donc forcés de constater le manque de volonté de l’administration face à cette situation. Mais, davantage qu’un manque de préparation, l’absence de réponse des autorités locales et nationales à nos sollicitations illustre la politique que le gouvernement mène face aux migrant·es : invisibilisation et abandon.

Par ailleurs, par son refus de donner une dérogation à une organisation comme le BAAM, militante et critique quant à la politique migratoire actuelle, le gouvernement ne cache pas sa volonté d’affaiblir le milieu associatif.

Nous demandons donc aujourd’hui qu’une réponse soit apportée à nos différents mails, messages et appels et que nous soit enfin délivrée une dérogation explicite nous permettant d’accueillir, dans le respect des normes sanitaires et en tout sécurité, les personnes qui en ont le plus besoin.

Le BAAM – Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrant.e.s

Pour nous contacter : baam.asso@gmail.com