Vous êtes nombreux.euses à nous contacter pour du bénévolat. Il est donc important pour nous de faire un rappel sur la situation des migrant.e.s à Paris.
Depuis environ 2 ans, les campements de rue se succèdent à Paris, essentiellement dans le nord. Dans ces camps non officiels, des migrant.e.s essayent de survivre, mais sans l’aide des pouvoirs publics.
La distribution de nourriture, d’eau potable, de vêtements, l’orientation vers les hôpitaux, les soins, la distribution de produits d’hygiène, l’aide juridique : tout cela est proposé par des personnes solidaires, constituées en association ou collectifs, ou pas. L’état est quasi absent des campements.
On ne voit que l’association Emmaüs, mandatée par la mairie de Paris pour mettre à l’abri les personnes vulnérables (enfants, femmes enceintes, familles).
Cependant il suffit de se rendre sur un campement et de voir le nombre d’enfants et de femmes pour se rendre compte qu’il y a une réelle défaillance dans ce système. De plus il est important de préciser que très souvent, c’est aux soutiens de faire les signalements à Emmaüs, pour qu’ils se rendent sur le campement.
Comme dit plus haut, l’État est totalement absent. Ce n’est qu’après plusieurs réunions, plusieurs appels, que l’on (soutiens et migrants) réussi à faire installer quelques toilettes chimiques, qui sont insuffisantes face au nombre de personnes à la rue. Et ces toilettes sont très rarement vidées, ce qui cause un problème sanitaire important et une odeur nauséabonde, à quelques mètres des tentes.
L’État fait son apparition lors des évacuations. Une fois que l’État (représenté par la Préfecture) juge que les conditions sanitaires trop déplorables (alors qu’elles le sont toujours, et dès le début) il décide d’agir. En réalité, c’est également une fois que le camp est beaucoup trop gros, et devient beaucoup trop visible aux yeux des Parisiens, qu’ils décident d’agir. Politique d’invisibilisation.
Que se passe-t-il lorsqu’un camp est évacué ?
Au petit matin, très tôt, des CRS viennent nasser les migrant.e.s, afin d’éviter qu’il y ait de nouvelles entrées et qu’il y ai donc plus de personnes à loger. C’est un vrai bras de fer pour essayer de faire rentrer dans la nasse les migrant.e.s qui étaient à l’hôpital, en RDV préfecture ou partis aux toilettes…
Ensuite des bus arrivent, les migrant.e.s doivent monter, sans savoir où ils vont, sans que les soutiens ne puissent monter non plus. Ils sont emmenés dans un CHU (centre d’hébergement d’urgence) ou des hôtels dans Paris, l’Île De France mais aussi en province ! Ces CHU sont loin d’être des endroits d’accueil digne, et montre la faille dans la (non) prise en charge des demandeurs d’asile à Paris puisqu’ils doivent normalement être hébergés dans des CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile).
Lorsque la préfecture ne prévoit pas assez de place, ce qui arrive souvent, il arrive qu’elle ouvre des gymnases.
Enfin, du fait de la nasse et de la mauvaise organisation (volontaire?) des évacuations, il y a toujours des migrant.e.s restés sur le carreau. C’est alors qu’interviennent les CRS pour les chasser, les éloigner et les invisibiliser, usant parfois de gaz lacrymogène et de coup de matraque.
Souvent, les CRS reviennent le soir, pour les chasser à nouveau. Le soir est un moment clé, car les rues sont vides, les médias absents et les soutiens moins nombreux.
Quelle différence entre une expulsion et une évacuation ?
Une évacuation est une opération préfectorale (avec l’intervention de la Mairie de Paris également, de l’OFII, d’Emmaüs et parfois de FTDA) avec des logements pour les migrant.e.s (pas tous, comme expliqué plus haut). Une expulsion est une opération policière (sous les ordres de la préfecture de Police) où il s’agit de chasser les migrant.e.s de leur lieu d’installation, usant de toutes les stratégies nécessaires (gaz, matraques, harcèlement, humiliation…).
On a vu se succéder cet été les rafles. Le mot peut sembler fort vu son sens historique, mais en regardant la définition, c’était exactement cela. La police arrivait et embarquait en masse les demandeurs d’asile afin de les emmener au commissariat. À leur sortie, la grande majorité avait des OQTF (obligation de quitter le territoire français). Certains étaient envoyés en CRA (centre de rétention administrative, véritable prison pour sans-papiers). La préfecture justifiait cela par le fait que la plupart n’avait pas encore entamé leurs démarches. Cependant au vu de l’affluence et de l’accès limité au PADA (plateforme d’accueil des demandeurs d’asile), il est évident que beaucoup n’en ont pas encore eu l’occasion !
Enfin, il faut rappeler que les sans-papiers sont toujours laissés pour compte par les pouvoirs publics car considérés comme des migrant.e.s illégitimes.
Il est important pour nous de rappeler qu’au BAAM nous luttons pour un accueil digne des demandeurs d’asile mais aussi de sans-papiers, migrant.e.s économique, climatique…